top of page

Yin Yang à la mode Occidentale


Que l'on se sente homme, femme, « non genré », « bi », « trans », «  homo », « hétéro » … nous avons tous un point commun universel; nous sommes mus par deux grandes forces complémentaires : une force émettrice, qui entre en action, se dresse et se tourne vers l’extérieur, et , une force réceptive, qui accueille et capte ce qui se présente à elle.


Pour vivre en harmonie avec soi-même et avec le monde qui nous entoure, nous avons besoin de connaître et d’apprendre à faire dialoguer ces deux aspects de nous-même afin qu’ils « s’épousent » et prennent soin l’un de l’autre.


Notre aspect « féminin » ou « yin », c’est notre capacité à écouter, sentir, être en lien avec ce qui ne se voit pas, rêver, créer, concevoir. Silencieux, dans l’ombre et les profondeurs, il suit les cycles naturels et fonctionne de manière ondulante, tout en rondeur et circonvolutions… Il est multiple et complexe, imprévisible et fertile. Il est en contact avec les profondeurs de l’être, son « âme », sa « nature originelle ». Il est connecté à l’intelligence corporelle, à la sensorialité, à la Terre. S’il avait une forme, il serait comme un creuset, un nid.


Notre aspect « masculin » ou « yang » se réfère à notre capacité à agir dans la matière visible et palpable. Il exprime dans le monde tangible ce que le féminin capte dans l’invisible. Pour ce faire, il pose les limites, tranche et prend des décisions concrètes. Il utilise la parole pour nommer les choses et les faire exister. Il est confrontant, il peut détruire la vie comme se mettre à son service et devenir son protecteur. Il fonctionne sur un mode binaire : c’est oui ou c’est non. Il construit des axes pour que les projets et les êtres puissent se structurer, prendre appui afin de se déployer. Il est en lien avec le ciel et nos capacités à mentaliser, à élaborer des pensées. Sa forme pourrait être celle d’une épée ou d’un diamant.


Au fil de mon cheminement personnel, ce travail d’équilibrage entre ces pôles fût une base essentielle pour me permettre de prendre ma place dans le monde et réaliser mes potentiels. C’est un chantier toujours en cours, et qui le sera certainement jusqu’à la fin de ma vie.


Je rencontre quotidiennement à mon cabinet des personnes qui souffrent d’un déséquilibre féminin-masculin. Et je constate, comme nombreux de mes collègues en écopsychologie , que, le plus souvent, c’est le côté « féminin » qui est écrasé ou dominé par le côté « masculin ».


Chez les femmes comme chez les hommes.


Notre société, obsédée par l’efficacité, la rentabilité, le profit, ne valorise que l’action, la matière, le visible, ce que l’on palpe … (le « blé » !). Elle nous pousse à n’incarner que des valeurs masculines qui étouffent notre part de féminin. Les conséquences sont désastreuses à l’échelle individuelle, sociétale, mais aussi planétaire.


Ainsi, que l’on soit homme ou femme, quel que soit notre genre, l’étouffement du féminin nous amène entre autres à :



Perdre le contact avec nos rythmes naturels et les saisons de la nature et de nos existences

Ne plus tenir compte de nos besoins corporels (repos, silence…)

Refouler nos émotions et notre sensibilité, créativité, spontanéité, fantaisie

Privilégier le pratique à l’esthétique-poétique

Devenir hyper actifs et obsédés par la rentabilité, l’efficacité, le résultat, le bénéfice, le profit, l’optimisation

Angoisser face à l’inconnu, ne pas supporter de ne pas contrôler

Ne pas oser se positionner, dire « stop » ou « non » quand nos limites sont dépassées

Se sentir prisonnier d’un système rigide et routinier, type « métro-boulot-dodo »

Avoir peur du vide et du silence et remplir son temps au maximum

Penser en permanence et anticiper tout le temps

Perdre le sens de sa vie

Se mettre la barre trop haut, être exigeant vis à vis de soi-même

Perdre la sensation de son corps, du plaisir physique d’être vivant

Préférer la performance à la sérénité

Ne se fier qu’à ce que l’on voit et nier ce que l’on perçoit

Créer des relations de dépendance affectives ou des conduite addictives (écrans, substances, voyages, sexe, achats compulsifs…)


Sans un féminin qui a conscience de sa valeur, la vie devient une mécanique froide, lisse. Un enchainement d’actions et de réactions. Le quotidien est désenchanté, la nature devient un décors inerte, une chose manipulable et consommable à volonté. Nous perdons le goût de l’émerveillement et la saveur de ce qui a une âme.

Certains en arrivent même à se vivre eux-même comme des objets, pions machines, des êtres non vivants qui sont « en mode » (l’expression est parlante) pilote automatique. Pour eux, le Brun out est souvent le déclencheur d’un retour à la vie… mais … si l’on pouvait éviter d’en arriver jusque-là ?


Renouer avec le féminin en soi est une voie qui s’impose de plus en plus dans le milieu du développement personnel, des multiples pratiques orientales proposées, des thérapies psycho-corporelles, de l’écopsychologie. L’invitation est toujours la même : retrouver le contact avec la nature en soi, ce qui échappe au contrôle, à la volonté, ce qui en nous vibre et surfe avec grâce et respect en tous terrains de manière harmonieuse, créative, sensible… En silence mais en confiance. Pour cela il est nécessaire de restaurer en soi un masculin protecteur, fort et aimant.


Ce chemin de restauration du masculin et du féminin à l’intérieur de soi est un enjeu majeur pour que chaque être trouve sa complétude et sa liberté. C’en est un également pour la société et la planète qui ont besoin d’humains accomplis, autonomes et responsables, capables de prendre soin d’eux-mêmes d’abord, et des autres, et de la Nature avec un grand N.


Il ne s’agit de rien d’autre que de devenir notre meilleur ami pour la vie.



Charlotte Schwartz

charlotteschwartz.fr

28.11.2023

bottom of page