CORPS D'HIVER

Une boule de chair dans un nid de plumes,
Lovée autour de ce qui lui reste de chaleur,
Entre en silence dans sa nuit saisonnière.
Pleurs. Frayeur.
C’est l’hiver sur la terre.
C’est l’hiver dans son cœur.
Au dehors, le froid fige tiges et branches.
En robe de neige la plaine s’endort.
Gelés, les vestiges de l’automne,
En un tintamarre cristallin, célèbrent le Grand Froid.
Le sang-sève ralentit son courant dans les ruisseaux de chair
Le souffle se fait court et les yeux se referment sur les paysages.
Les os se glacent, les musclent fondent.
Est-ce cela la mort ?
Dans l’invisible tout devient clair, limpide.
D’une vie vers une autre, la traversée a lieu.
Le passage de la nuit parait si périlleux !
Laisse-toi donc aller au fond de ces ténèbres !
La pépite t’y attend, porteuse d’un secret.
Tu reviendras nouveau,
Tu reviendras vivant :
Une étoile de chair sur un tapis de plumes,
Les yeux grands ouverts à la pleine lune.